A l’occasion du 87ème anniversaire du décès du roi Njoya, la vie et l’œuvre du souverain du royaume Bamoun(Cameroun), ont été honorés le samedi 30 mai 2020, par la communauté camerounaise, réunie à la résidence de Son Excellence Komidor Njimoluh Hamidou, Ambassadeur du Cameroun en République du Congo. Corona virus oblige, le nombre des invités a été limité : Uniquement une trentaine de personnes dont quelques chefs de Missions Diplomatiques et hauts cadres africains, tous attachés au souvenir du Roi Njoya, mort le 30 mai 1933. Tout sur cette belle soirée hommage organisée à Brazzaville.
« Le Roi est parti, mais il ne doit pas mourir dans nos esprits ». Appel de l’Ambassadeur du Cameroun, Prince du palais royal Bamoun de Foumban, pour souligner le travail multidimensionnel et inoubliable accompli par « Njoya l’Africain ». Vision partagée par Sa Majesté Michel-Cyr DJIENA WEMBOU, roi des Balen, à Bafang, Département du Haut-Nkam, Région de l’Ouest Cameroun, par ailleurs Secrétaire Général en charge du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC). Il félicite et remercie l’Ambassadeur pour l’heureuse initiative d’enseigner l’histoire des peuples et civilisations d’Afrique à la jeune génération, sous l’impulsion de l’actuel Sultan roi des Bamoun. 87 ans après sa disparition, le roi Njoya, demeure un exemple de sagesse, de travail, d’objectivité et d’ouverture à l’autre. Une source d’inspiration intarissable pour résoudre les problèmes de notre temps. « Si le pied de derrière ne suit pas le pied de devant tu vas tomber », dit la sagesse africaine convoquée pour la circonstance par le roi Balen.
La suite est consacrée aux échanges sur les leçons à tirer du règne du 17ème roi de la dynastie de Nshare Yen. L’Assistance apprendra, pour l’histoire, que « La place du roi Njoya dans l’historiographie africaine et l’impact de sa contribution sur l’évolution de la civilisation africaine » ont été magnifiés lors d’un colloque international organisé les 27 et 28 novembre 2013 à l’Université de Yaoundé I. Les actes de cette rencontre scientifique sont contenus dans un ouvrage intitulé, Le roi Njoya, créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, paru chez l’Harmattan en 2014. Quelques extraits significatifs du livre ont été revisités pour la mémoire collective.
Sous la plume du Professeur Jacques FAME NDONGO, Ministre d’Etat, Ministre de l’Enseignement Supérieur, Chancelier des Ordres Académiques, Njoya est présenté comme un Linguiste inspiré, inventeur d’une écriture opérationnelle, réalité vivante à travers les écoles Shü-mom, qu’il va falloir redynamiser à travers un mécanisme spécial de diffusion. Il fut aussi philosophe, historien, cartographe et agronome, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, sur les pratiques médicales, l’interprétation des rêves, le syncrétisme religieux, etc. C’est un motif légitime de fierté que le Cameroun propose à l’Afrique tout entière.
Portant la voix des femmes, Blandine Koletou MANOUERE, Docteur en Littérature et Civilisation Africaines, affirme que le roi Njoya encourageait l’éducation scolaire de la jeune fille et l’émancipation de la femme, sur la base de sa culture traditionnelle et religieuse pour une meilleure intégration dans la société moderne.
De son côté, le Pr Charles Zacharie BOWAO de l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville, est impressionné par la tenue systématique d’un registre d’état civil mentionnant obligatoirement chaque naissance et chaque décès, les mesures spécifiques pour la protection de la femme et de l’enfant, la disqualification plus ou moins prononcée de la peine de mort et la reconnaissance d’un certain droit humanitaire(ou de clémence) au profit des sujets du roi. L’universitaire congolais pense que le roi Njoya est ici et maintenant, entre hier et demain, à la croisées des temporalités.
L’histoire ne se trompe pas. Selon l’Historien camerounais, Daniel ABWA, le roi Njoya, à travers ses œuvres, n’appartient plus, ni à sa famille, ni à son pays, ni à l’Afrique ; il appartient au monde. N’ayant que très peu flirté avec l’école occidentale, le roi Njoya est la preuve évidente qu’il ne suffit pas d’être allé à l’école occidentale pour devenir un savant. Savoir plier quand l’adversité est forte, mais savoir rester ferme au point de rompre quand les intérêts vitaux de l’Afrique sont en danger. Pour ce faire, précise le Professeur ABWA, il faudrait en permanence faire la preuve de son amour pour son peuple et son pays qui sauront rendre la pareille en cas d’adversité.
Ibrahim mbombo NJOYA a le fin mot de l’histoire. L’actuel Sultan-roi des Bamoun se réjouit de la contribution exceptionnelle de la grande famille Bamoun aux efforts de l’Afrique dans sa quête de développement et de positionnement dans un monde aujourd’hui globalisant. Il formule l’espoir que cette renaissance de Njoya soit l’occasion pour tous les enfants du Noun de reconnaitre en lui le père fédérateur, le rassembleur de la grande famille, autour d’un idéal de réconciliation, de solidarité et de progrès qui ne devrait jamais lui manquer.
Au terme cette causerie éducative, la diaspora camerounaise au Congo et les admirateurs africains du roi Njoya ont élevé des prières pour le repos éternel du monarque africain, apôtre du dialogue des cultures et des religions, la paix et la santé, en ces temps difficiles marqués par la lutte contre la pandémie du covid-19.
Rédaction Afriquepremiere.net à Brazzaville