Cet atelier organisé par la Direction de la Santé Familiale (DSF) du Ministère de la santé publique avec l’appui technique et financier de IPAS Afrique Francophone, s’est tenu du 5 au 7 juillet 2023 dans la cité balnéaire du Sud du Cameroun en présence de M. SORO Aboudou Nabiehoua Conseiller régional sur les questions de plaidoyer et de partenariat chez IPAS. Echos de l’atelier, réactions des principaux acteurs.
Par Ericien Pascal Nguiamba Bibiang, à Kribi
C’est à l’hôtel Copacabana sis au quartier Ngoye en face de la mer à Kribi, que s’est tenu l’atelier de l’évaluation de l’écosystème des droits en Santé Sexuelle et Reproductive y compris les avortements au Cameroun pour une meilleure imprégnation sur cette thématique. Les participants, dont des experts juridiques, experts médicaux, experts sur les questions de la santé communautaire, les sages-femmes, les religieux, les représentants d’associations de jeunes, les administrations publiques, les médias et autres ont eu des échanges riches et denses.
Plusieurs exposés et présentations ont ainsi meublé cet atelier notamment la présentation des généralités sur la Santé Sexuelle et Reproductive au Cameroun ; des définitions d’orientation sur l’avortement et Droit en santé sexuelle et reproductive ; la prise en charge des avortements, la question de la disponibilité, l’accès les circuits , et de la qualité des médicaments pendant les avortements, la prise en charge psychologique de l’avortement, les questions liées à la législation en matière d’avortement au Cameroun, mais aussi la présentation sur le cadre de durabilité de l’écosystème, la présentation sur l’outil d’évaluation de la durabilité de l’écosystème d’avortement.. Les travaux de groupes, trois au total, ont permis aux participants de mieux s’imprégner sur la thématique. Il était d’abord question de discuter sur l’Adaptation de l’outil de la durabilité de l’écosystème d’avortement au contexte du Cameroun ; le premier groupe de participants a ainsi travaillé sur les connaissances et autonomies des personnes, Normes Sociales, le second sur le « soutien et leadership politique, Législation, Financement, et le troisième groupe de participants s’est appesanti sur les produits de base, Personnel de santé, prestation de service, et information sur la santé.
La deuxième journée des travaux de cet atelier a démarré par la restitution des premiers travaux de groupe, avant l’exposé par un responsable de l’OMS sur les Nouvelles recommandations sur les avortements sécurisés en Afrique.
Les nouveaux travaux de groupes ont consisté à l’évaluation de l’écosystème d’avortement en mettant un accent sur les normes sociales et soutien de la communauté, les politiques et législation, personnel de santé et prestation de service, le financement et les informations sur la santé. Il était aussi question au cours de ces nouveaux travaux de groupes de concevoir un plan de durabilité. « Nous sommes là dans le cadre de la coordination de l’organisation technique. Donc nous appuyons le ministère de la santé qui est ici à côté de nous avec IPAS pour que l’organisation et le déroulement de l’activité et la mise en œuvre soient un succès pour notre pays. L’objectif est de réduire les décès dus aux avortements mais aussi plus aux droits sexuels et reproductifs. On s’est rendu compte que déjà plus de 20% des décès maternels sont dus aux avortements ce qui est criard pour notre pays et la plupart de temps ça se fait clandestinement, c’est-à-dire dans un cadre qui ne l’est pas et on ne sait pas toujours pourquoi. Donc on se rends compte que plus on n’en parle pas, plus les patients le font dans des cadres qu’on ne maîtrise pas et parfois on ne maitrise pas les origines des décès et c’est pour cela qu’on a dit qu’on s’asseye ici, nous sommes là tous avec le mincom ,le minjustice , les hommes religieux , on a invité tous les ministères , les médias, des jeunes, universitaires et des écoles professionnelles » a déclaré à la presse Annie Hortense ATCHOUMI Représentante du Comité d’organisation, experte en santé de reproduction. Selon cette Dipômée en épidémiologie de l’université de bordeaux et présidente nationale de l’Association des sages-femmes et assimilés du Cameroun (Asfac), « cette approche que le partenaire IPAS apporte au Cameroun est meilleure. Une approche multisectorielle de ne pas rester toujours focalisé seulement dans l’approche santé et un ou deux partenaires mais que tout le monde s’asseye pour dire quel est le problème où sont les priorités , qu’est-ce que nous voulons quelle est la vision que nous voulons ensemble et comment nous devons aller , ainsi le pays pourra fortement contribuer à la réduction de la mortalité maternelle avec l’appui de ces partenaires qui nous entourent. Et vous aussi la qualité de la communication serait un impact important pour que tout le monde même là où la communication ne passe pas qu’on sache transmettre le message afin que l’homme camerounais la femme camerounaise soient en sécurité »
Il faut noter que IPAS est une organisation internationale qui travaille sur les questions de santé de la reproduction , plus précisément sur les questions d’effectivité des droits de femmes et des jeunes filles ainsi que des adolescents en matière de santé sexuelle et reproductive. « Ce qui a motivé IPAS pour cet atelier c’est la question de la mortalité maternelle. Nous savons tous que dans nos pays en Afrique de façon générale la mortalité maternelle est beaucoup plus préoccupante, et quand on regarde cette mortalité maternelle, une bonne partie est liée aux conséquences des avortements qui sont pratiqués de façon insécurisée, d’aucuns diraient que des avortements qui ont été pratiqués de façon clandestine mais tout cela rentre dans le vocable de ce qu’il faut considérer comme étant des avortements insécurisés. Donc notre contribution c’est effectivement accompagner les différents pays à faire en sorte que nous poussions dans un premier temps avoir une bonne compréhension de ce que représente la cartographie de l’écosystème d’avortements insécurisés dans le pays, les différents piliers qui soutendent cet écosystème, quel est l’état dans le pays et ensuite , arriver effectivement à dégager peut-être des opportunités et les défis et voir dans quelle mesure nous pouvons proposer en collaboration avec le pays une sorte de plan d’action qui est aussi considérée comme étant une feuille de route de sorte à ce que nous puissions aller vers une amélioration de cet écosystème qui va favoriser la disponibilité des services de qualité et l’accessibilité à ces services de qualité » a déclaré à la presse SORO Aboudou Nabiehoua Conseiller régional sur les questions de plaidoyer de partenariat chez IPAS. Pour lui, « c’est important de préciser que ce processus contribue d’autre part à renforcer la dynamique de la synergie d’intervention entre les différents acteurs , c’est vrai que le ministère de la santé dans un pays est cette entité qui est en charge des questions de santé , mais tous les autres partenaires que ça soit les organisations locales ou les organisations internationales qui interviennent dans ces pays , doivent pouvoir se lettre ensemble pour s’assurer que la réponse qu’ils accordent en terme d’éléments de solutions soit la meilleure efficace possible pour faciliter l’accès aux résultats recherchés par les différents pays. Donc ce processus, nous sommes sûr, s’il est très bien mis en œuvre dans le pays ça va contribuer à permettre à ces nombreuses femmes de pouvoir accéder à des services de qualité et contribuer de ce fait à réduire le taux de mortalité maternel ».
Le Directeur de la Santé Familiale, Dr Ebongo Zacheus Nanje, Représentant du Ministre de la santé publique du Cameroun, a souligné l’importance de cet atelier : «C’est une évaluation sur tout ce qui se passe au Cameroun en matière des avortements thérapeutiques et des autres avortements. Nous sommes ici pour voir comment nous tous, nous pouvons en quelque sorte trouver de vraies solutions et prendre des vraies stratégies à fort impact pour essayer d’adresser tous les problèmes qui sont tout autour de ces sujets autant importants. Et l’objectif principal de tout ceci, c’est de contribuer à réduire la mortalité maternelle qui pour le moment est très élevée au Cameroun. Et c’est à travers les avortements non sécurisés comme ça qui contribuent parfois à un grand pourcentage de ces décès maternels. Donc si nous réussissons à mettre en place une vraie stratégie tout en connaissant l’écosystème des avortements au Cameroun, nous pouvons contribuer à coup sûr à réduire la mortalité maternelle surtout chez les adolescentes » a-t-il déclaré.
Très attendues au terme de cet atelier ce vendredi 7 juillet 2023, les grandes recommandations faites par l’ensemble des participants.
Ericien Pascal Nguiamba Bibiang à Kribi