Le Secrétaire Permanent du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC,le Pr.Michel-Cyr DJIENA WEMBOU a présenté le Rapport Annuel 2019 du PREF-CEMAC au cours d’une conférence de presse jeudi 3 septembre 2020 à Brazzaville au Congo. Ce Rapport est un document important à lire et à conserver. Lire la suite.
COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE
DE L’AFRIQUE CENTRALE
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PREF-CEMAC
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PROGRAMME DES RÉFORMES ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES DE LA CEMAC (PREF-CEMAC)
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SECRETARIAT PERMANENT
CONFERENCE DE PRESSE SUR LA PRESENTATION DU RAPPORT ANNUEL 2019 DU PREF-CEMAC
PROPOS LIMINAIRES DE S.E. le Professeur Michel-Cyr DJIENA WEMBOU
SECRETAIRE PERMANENT DU PROGRAMME DES REFORMES
ÉCONOMIQUES ET FINANCIERES DE LA CEMAC
Brazzaville le 3 septembre 2020
Mesdames et Messieurs les Journalistes de la Presse nationale et internationale,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d’abord vous remercier d’avoir accepté notre invitation à participer à cette conférence de présentation du rapport annuel 2019 sur la mise en œuvre du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC, en abrégé PREF-CEMAC.
Au milieu de l’année 2014, la chute des cours du pétrole a entrainé de profonds effets négatifs sur les économies de la Zone CEMAC, toutes exportatrices nettes de pétrole brut, hormis la République Centrafricaine (détérioration des principaux agrégats macroéconomiques, accentuation des déficits des balances de paiements et effondrement des réserves en change). À ce choc, se sont ajoutés des défis sécuritaire et humanitaire du fait des attaques des bandes armées et des terroristes avec pour principales conséquences des mouvements migratoires des populations.
Les Chefs d’État de la sous-région, ont répondu vigoureusement à cette situation en mettant sur pieds le Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC), qui a pour objectif de « concevoir et mettre en œuvre des actions rapides, vigoureuses et coordonnées, aussi bien au niveau national que sous régional, pour la stabilisation du cadre macroéconomique et une transformation structurelle et profonde des économies de la Sous-Région, afin d’en renforcer la résilience et de les placer sur le sentier de l’émergence ».
Le Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC) est ainsi le cadre de référence et le plan d’action que les Hautes Autorités de la sous-région ont mis en place pour faire face à la sévère crise économique qui frappe les pays de la CEMAC depuis le milieu de l’année 2014.
Depuis sa création par le Sommet des Chefs d’Etat de la CEMAC à la Malabo en 2016, le PREF-CEMAC est placé sous la présidence dédiée de Son Excellence Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République du Congo. Sous la Très Haute supervision du Chef de l’Etat congolais, la présidence du Comité de Pilotage du PREF-CEMAC est assurée par Son Excellence Gilbert ONDONGO, Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Portefeuille Public de la République du Congo. Le Secrétariat Permanent que nous animons, et qui est basé ici à Brazzaville, travaille sous l’autorité de ces hautes personnalités et prépare les documents de travail de la Cellule de Suivi et du COPIL.
La matrice des actions du PREF-CEMAC validée par le Comité de Pilotage en sa session ordinaire du 6 mai 2017 comprend une série d’actions à mettre en œuvre pour stabiliser le cadre macroéconomique et opérer une transformation structurelle des économies de la CEMAC. Ces mesures sont adossées aux 21 résolutions adoptées par les Chefs d’État de la CEMAC à l’occasion de leur Sommet extraordinaire tenu à Yaoundé, le 23 décembre 2016. Cette matrice est structurée autour de cinq piliers portant sur les politiques budgétaires, la politique monétaire et le système financier, les réformes structurelles, l’intégration régionale et la coopération internationale. La matrice du PREF-CEMAC comporte 15 objectifs généraux et 30 objectifs spécifiques, chacun décliné sous la forme d’actions ciblées, assorties de critères et délais de réalisation portant sur une période de cinq ans allant de 2017 à 2022.
Le PREF-CEMAC regroupe tous les Ministres en charge de l’Economie, des Finances et de l’Intégration des pays de la zone CEMAC, ainsi que les premiers responsables des institutions communautaires concernées (BDEAC, CEMAC, BEAC, COBAC, GABAC, COSUMAF, BVMAC, UNIPACE). Les Partenaires Techniques et Financiers, notamment la Banque Mondiale, le FMI, la BAD, le PNUD et la CEA prennent part aux travaux en qualité d’observateurs. Au cours de l’année 2019, trois sessions ordinaires et une session extraordinaire du Comité de Pilotage du PREF-CEMAC se sont tenues.
Le Secrétariat permanent du PREF-CEMAC élabore, chaque année, à l’attention du COPIL, un rapport d’évaluation de la mise en œuvre du PREF-CEMAC, conformément aux dispositions de l’article 4 de la Décision N° 01/17-CEMAC-CCE-PREF-P du 23 janvier 2017, portant modalités de mise en œuvre du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC.
Le présent rapport annuel, qui a été approuvé par les Ministres de l’Economie, des Finances et de l’Intégration, membres du COPIL du PREF-CEMAC, et les premiers responsables des institutions communautaires, lors de la onzième session du COPIL le 3 aout 2020, présente les principaux résultats obtenus, les difficultés rencontrées et la feuille de route pour les actions restantes.
Trois années après la mise en place de ce Programme, les retombées de l’application des réformes engagées portent leurs fruits. Les différents rapports de la Surveillance Multilatérale, en dressant l’état de la situation économique de la sous-région, consignent les éléments de la santé relativement retrouvée des économies de ladite sous-région. Ces retombées s’illustrent entre autres par une amélioration des performances économiques d’ensemble de la sous-région.
Ainsi, la croissance économique a poursuivi en 2019 son redressement enclenché en 2017, à la faveur d’une progression de la production pétrolière dans tous les pays producteurs à l’exception de la Guinée Équatoriale, ainsi qu’une bonne tenue de l’activité économique non pétrolière au Cameroun, au Gabon et Tchad. Au plan intérieur, l’environnement économique a été marqué par la poursuite de la consolidation budgétaire dans tous les pays de la CEMAC, sur fond de persistance des menaces sécuritaires dans le Bassin du Lac Tchad et en Centrafrique, ainsi que de crise socio-politique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, avec pour corollaire une augmentation des dépenses de sécurité et l’afflux des réfugiés et des déplacés.
Dans ce contexte, l’économie de la CEMAC dans son ensemble a poursuivi sa reprise avec un taux de croissance de 2,0 % en 2019 après 1,8 % en 2018 et 0,7% en 2017.
1. Les principales réalisations du PREF-CEMAC depuis sa mise en œuvre
Les principales réalisations faites dans le cadre du PREF-CEMAC à ce jour sont assez concrètes et visibles, et leurs impacts sur la situation économique de nos pays sont manifestes.
De nombreuses avancées ont été réalisées. Sans être exhaustif, nous pouvons mentionner la reconstitution des réserves de changes de la CEMAC, l’ouverture du dialogue avec les sociétés exploitant les ressources naturelles dans la zone CEMAC en vue du rapatriement des recettes d’exportation, la priorisation des projets intégrateurs et la mobilisation des bailleurs en vue de leur financement, la fusion effective des deux marchés financiers de la sous-région, l’achèvement de la réforme de la BDEAC, la mise en œuvre effective de la libre circulation des personnes et des biens ainsi que la conclusion et l’application par tous les Etats membres des programmes économiques et financiers soutenus par le FMI.
En effet, les pays membres ont déroulé des séries de mesures visant à réduire l’ampleur importante de leur déficit budgétaire observée au début de la crise qui a secoué la sous-région. En particulier, les États membres ont consacré d’importants efforts dans la mise en œuvre des réformes à travers le renforcement de la mobilisation des recettes non pétrolières, notamment fiscales, ainsi que la rationalisation et l’amélioration de la qualité de leur dépense. Aussi, dans le cadre de la surveillance multilatérale, un mécanisme de suivi de l’endettement des États a été mis en place au niveau de la Commission de la CEMAC. Certains contrats d’endettement non supportables ont été renégociés dans certains pays et ont contribué à un ajustement budgétaire conséquent.
L’évaluation à fin 2019 des actions mises en œuvre dans le cadre du PREF-CEMAC indique une note globale de 63,3 points, en augmentation de 17,5 points par rapport au résultat de 2018 (45,8 points) sur l’ensemble des piliers du programme avec des performances plus au moins importantes d’un pilier à l’autre.
Par rapport à l’ensemble des cibles du PREF-CEMAC à l’horizon 2021, le taux de réalisation obtenu en 2019 est de 61,4%. En fin 2018, ce taux de réalisation était de 44,5%. Ceci met en lumière une accélération de la mise en œuvre du programme en 2019.
La méthodologie utilisée dans ce rapport a été abondamment expliquée dans la première partie du document. Elle vise à éviter toute subjectivité en matière d’évaluation du niveau d’exécution des actions et des réformes entreprises par les Etats membres et les institutions communautaires en application du PREF-CEMAC. C’est du reste une méthodologie bien établie qui est utilisée par certaines banques multilatérales et par les agences de rating et de notation.
Les réalisations seront présentées pilier par pilier :
- Le pilier 1 du PREF-CEMAC : les politiques budgétaires
Le pilier 1 de la matrice des actions du PREF est constitué de 03 objectifs généraux : le renforcement de la politique fiscale (OG1), la rationalisation et l’amélioration de la qualité de la dépense publique en conduisant des politiques budgétaires ciblées (OG2), et l’harmonisation des règles budgétaires et l’amélioration de la coordination des politiques budgétaires (OG3). Ces objectifs généraux sont déclinés en 06 objectifs spécifiques et totalisent 20 actions.
De manière spécifique, à fin 2019, la note globale du pilier 1 sur les politiques budgétaires est passée de 12,5 points en 2018 à 16,7 points en 2019, en augmentation de 4,3 points. Cette augmentation est portée par l’amélioration de la coordination des politiques budgétaires (+3,3points), le renforcement de la politique fiscale (+0,8point) et la rationalisation et amélioration de la qualité de la dépense publique (+0,1 point). Un retard de 1,8 point est actuellement observé par rapport aux objectifs du programme à fin 2019 (18,5 points).
Dans le cadre de l’harmonisation des règles budgétaires, les Etats ont procédé à l’application des règles de la surveillance multilatérale ainsi qu’à la transposition et à la mise en œuvre des nouvelles directives des finances publiques adoptées par le Conseil des Ministres de l’UEAC en 2011. S’agissant de l’amélioration de la coordination des politiques budgétaires, il convient de relever que trois pays sur six ont pris des mesures visant la réduction des subventions aux entreprises ; quatre pays sur six ont initié des actions visant la maitrise de la masse salariale ; les projets de Filets sociaux ont été mis en œuvre au Cameroun, en RCA, au Congo et au Tchad ; deux pays ont procédé à la réorientation des dépenses en capital vers des projets prioritaires ayant un impact sur la santé, l’éducation et l’eau. Les autres actions réalisées portent sur la sécurisation des recettes fiscales et douanières.
Par contre, des lenteurs et des difficultés ont été enregistrées dans l’élargissement de l’assiette fiscale, l’adoption des lois/décrets portant suppression des exonérations exceptionnelles et des facilités douanières non pertinentes, souvent accordées en violation des principes d’efficacité et d’équité. Peu d’action ont été menées pour promouvoir et développer la fiscalité foncière. Un seul pays a pris un décret portant suppression des Agences, Fonds, et Entreprises publiques non opérationnels, inefficaces et budgétivores.
- Le pilier 2 du PREF-CEMAC : la politique monétaire et système financier
Le pilier 2 de la matrice des actions du PREF est constitué de 05 objectifs généraux : la reconstitution des réserves de change (OG4), le renforcement de l’efficacité de la politique monétaire (OG5), le renforcement de la stabilité et de l’inclusion financière dans la CEMAC et la lutte contre le blanchiment (OG6), la redynamisation des marchés financiers (OG7) et la réforme de la BDEAC (OG8). Ces objectifs généraux sont déclinés en 10 objectifs spécifiques et totalisent 29 actions.
À fin 2019, la note globale du pilier 2 sur la politique monétaire et le système financier est passée de 16,4 points en 2018 à 26,8 points en 2019, en augmentation de 10,3 points. Cette bonne performance réalisée en 2019 résulte de la mise en œuvre des actions suivantes, par les Etats membres, le COPIL du PREF-CEMAC et les institutions communautaires, principalement la BEAC et la COBAC qui n’ont ménagé aucun effort à cet effet :
- La reconstitution des réserves de change qui sont passés de 3 776,7 milliards de FCFA en 2018 à 4 371,5 milliards de FCFA en 2019, soit une hausse de 16% entre 2018 et 2019. Elles étaient de 3 093,2 milliards au 31 décembre 2016.
- La mise en œuvre de toutes les actions prévues dans le renforcement de l’efficacité de la politique monétaire, notamment le renforcement de l’autonomie de la Banque centrale par l’adoption des statuts qui consacrent l’interdiction des financements directs de la Banque Centrale aux États,
- La réforme du cadre opérationnel de la politique monétaire qui a permis, depuis juillet 2018 de rendre le marché monétaire plus dynamique et d’améliorer progressivement la transmission de la politique monétaire
- Le renforcement de la stabilité et l’inclusion financière, et la lutte contre le blanchiment à travers l’adoption du règlement sur la supervision sur base consolidée, la réalisation des missions conjointes sur les groupes bancaires avec les autres superviseurs, avec une liste des banques systémiques publiée, l’adoption du texte sur le service de paiement, en vigueur depuis le 1er janvier 2019, etc.
- La redynamisation des marchés financiers à travers la restructuration et l’optimisation des structures du marché financier unifié (Régulateur, Bourse et Dépositaire Central Unique), la création des conditions pour la dynamisation du marché financier régional par des mesures ponctuelles fortes des États de la CEMAC (apports directs de titres à la cote à court terme, mesures incitatives, programmes de privatisation, cession partielle ou totale en bourse des participations des États dans toutes les entreprises opérant dans la CEMAC) et enfin l’élaboration d’un programme de structuration de l’offre à moyen terme, pour l’adapter aux besoins de financement des économies et aux comportements des investisseurs de la CEMAC.
- L’achèvement de la réforme de la BDEAC qui est devenue aujourd’hui l’une des principales institutions régionales de financement de développement économique et social de la CEMAC
- Le pilier 3 du PREF-CEMAC : les réformes structurelles
Le pilier 3 de la matrice des actions du PREF est constitué de 03 objectifs généraux : le renforcement de la diversification économique et le développement du secteur privé (OG 9), l’amélioration du climat des affaires (OG10) et l’accroissement du financement alternatif des économies (OG 11). Ces objectifs généraux sont déclinés en 07 objectifs spécifiques et totalisent 19 actions.
À fin 2019, ce pilier est celui sur lequel des efforts restent à faire en termes de réalisations. Les Etas n’ont pas toujours mis en place, de manière vigoureuse, les réformes qui concourent à l’amélioration du climat des affaires, à la diversification des économies et au renforcement du capital humain, facteur important pour l’amélioration de la productivité. En effet, seulement 37,9% des actions à mener jusqu’en 2021 ont été accomplies pour ce pilier. En ce qui concerne en particulier l’objectif général 9 qui porte sur le renforcement de la diversification économique et le développement du secteur privé, seulement 36,9% des actions prévues jusqu’en 2021 ont été réalisées. Pour l’objectif général 10, en rapport avec l’amélioration du climat des affaires, 41% des mesures prévues par rapport à la cible 2021 ont été réalisées. Enfin en ce qui concerne l’objectif général 11, relatif au développement des formes alternatives de financement des économies, 33,9% des actions prévues ont été réalisées.
Il reste beaucoup à faire sur ce pilier qui est central dans la transformation des économies de la CEMAC. Toutes les actions restantes sont mentionnées dans la matrice du PREF et dans le présent rapport annuel. En plus des mesures prévues dans le PREF-CEMAC, il serait de bon ton que l’obligation de transformation locale de plus de 85% des grumes de bois, qui est appliquée par presque tous les pays de la zone, soit étendue à toutes les matières premières exploitées dans l’espace CEMAC.
- Le pilier 4 du PREF-CEMAC : l’intégration régionale
L’intégration sous régionale, l’un des points faibles de la CEMAC, est un aspect important des réformes qui doivent permettre à cette zone de prendre l’envol. Dédier un pilier du PREF à cette intégration est la matérialisation de cette volonté des Chefs d’État d’accélérer l’intégration physique et commerciale de la communauté.
Ce pilier comporte 03 objectifs généraux, 05 objectifs spécifiques et 19 actions à mener jusqu’en 2021. À la fin de l’année 2019, 54 % des actions prévues dans le cadre du PREF ont déjà été réalisées. L’accélération de l’édification du marché commun qui constitue l’objectif général 12 connait un taux de réalisation de 64 % par rapport à la cible de 2021. L’objectif général 13 qui vise le renforcement de l’appareil statistique de la sous-région a un taux de réalisation de 50,4 % et l’objectif général 14 qui traite de la réalisation du Programme Economique Régional (PER – tranche opérationnelle 2017-2021) affiche un taux de réalisation de 50 %, essentiellement en lien avec les 12 projets intégrateurs pour lesquels une table ronde sera organisée cette année.
L’une des avancées les plus importantes de ce pilier est la finalisation du processus de préparation et d’organisation de la Table ronde sur les 11 projets intégrateurs de la CEMAC qui se tiendra les 16 et 17 novembre 2020. L’objectif principal de cette Table ronde est la mobilisation de près de 2563,4 milliards de F CFA pour la réalisation desdits projets.
Il convient de rappeler que le Sommet Extraordinaire des Chefs d’État, qui s’est déroulé à Yaoundé le 22 novembre 2019, a approuvé les douze projets intégrateurs prioritaires sélectionnés par le Comité de Pilotage du PREF-CEMAC compte tenu de leur état de maturité, et prescrit une mission de mobilisation de ressources financières auprès des bailleurs et des partenaires techniques et financiers en vue de la réalisation effective de ces projets dans les meilleurs délais possibles. Le COPIL du PREF-CEMAC a été chargé de prendre les dispositions nécessaires en vue de la tenue de la table ronde des bailleurs dans les meilleurs délais possibles, pour le financement des douze projets intégrateurs
- Le pilier 5 du PREF-CEMAC : la coopération internationale
Le pilier 5 de la matrice des actions du PREF est constitué d’un seul objectif général : les négociations avec le Fond Monétaire International (OG15). Cet objectif général se décline en 02 objectifs spécifiques et 02 actions.
Par rapport aux différents objectifs du pilier 5, les résultats obtenus à fin 2019 représentent 100 % des objectifs de l’année, en hausse de près de 16,7 points par rapport au taux de réalisation des objectifs de 2018 (83,3%). Par rapport à la cible de ce pilier à l’horizon 2021, le taux de réalisation obtenu en 2019 est également de 100%. En fin 2018, ce taux de réalisation était de 83,3%. Il apparaît donc que tous les objectifs de ce pilier ont été atteints en fin 2019.
Les relations des pays membres de la CEMAC avec le Fonds Monétaire International (FMI) sont globalement satisfaisantes, dans la mesure où toutes les revues des programmes pays de la sous-région ont été validées à fin 2019, malgré des retards conséquents de celles du Cameroun et Congo.
2. Le suivi de la mise en œuvre des principales décisions et recommandations du COPIL du PREF-CEMAC
Le COPIL du PREF-CEMAC au cours de ses 8ème et 9ème sessions ordinaires, ainsi que de sa 2ème session extraordinaire, a adopté diverses mesures visant à accélérer la mise en œuvre des décisions des Sommets des Chefs d’Etat de Ndjamena de 2017 et de Yaoundé de 2019, relatives à l’accélération des réformes structurelles, au renforcement de l’intégration régionale, ainsi qu’à l’élaboration d’un cadre stratégique pour les accords de seconde génération avec les PTF, et notamment avec le FMI.
La dixième session ordinaire du COPIL, tenue à Douala le 21 décembre 2019, a adopté le Rapport sur le suivi de la mise en œuvre des décisions et des recommandations antérieures du COPIL. Elle a ensuite formulé de nouvelles recommandations portant sur la mise en œuvre pilier par pilier de la matrice du PREF-CEMAC, l’accélération des réformes structurelles et de l’intégration physique et commerciale, le respect de la règlementation de changes et l’opérationnalisation des structures du marché financier unifié. Elle a également pris connaissance de l’état de fonctionnement des Comités nationaux sur l’Origine dans tous les pays de la CEMAC et de la préparation du texte communautaire sur la suppression des frais de roaming à soumettre au Conseil des Ministres de l’UEAC. L’état de mise en œuvre de ces décisions et recommandations du COPIL et joint en annexe du rapport annuel et je vous invite à en prendre connaissance.
Comme on le voit, la mise en œuvre du PREF-CEMAC a été globalement satisfaisante au cours de l’année 2019. Mais il convient de préciser que les actions engagées doivent être poursuivies, pour consolider les acquis obtenus après trois années d’ajustement structurel. Des mesures importantes, dont certaines sont pourtant inscrites dans le PREF-CEMAC avec un calendrier précis de réalisation, n’ont pas été mises en œuvre par les Etats ou les institutions communautaires concernées, ou ont fait l’objet d’une exécution lente et insuffisante au regard des objectifs fixés. Ces mesures portent sur les points suivants :
- La priorité à accorder à l’amélioration des recettes budgétaires non pétrolières, plutôt qu’à la diminution des dépenses publiques
- La poursuite de l’amélioration de la qualité de la dépense publique
- Le renforcement de la bonne gouvernance et de la redevabilité
- La priorité à accorder au financement du secteur privé et en particulier au remboursement de la dette intérieure et au paiement des arriérés dus aux PME et aux PMI
- La transformation locale des ressources naturelles et le développement des chaines de valeur
- L’accélération de l’intégration physique et commerciale
- Le renforcement de la transparence et de la rigueur dans les procédures relatives à la programmation des investissements publics ainsi qu’à la sélection et à l’exécution des projets.
3. Les perspectives pour 2020
Les actions restantes du PREF, à réaliser en 2020 et 2021, représentent 38,6 % de l’ensemble du programme, soit en moyenne des efforts de 19,3 % à fournir au cours de chacune de ces années (soit plus que les progrès enregistrés en 2018). Il en résulte que pour garantir la réalisation des objectifs du PREF à l’horizon 2022, les parties prenantes devraient redoubler d’efforts pour finaliser les actions déjà engagées, voire accélérer la mise en œuvre de celles qui ne l’ont pas encore été.
A la fin de la présentation des résultats globalement satisfaisants des réformes économiques et financières entreprises par nos Etats avec l’appui important des partenaires techniques et financiers, il convient néanmoins de relever qu’en dépit de signes prometteurs, la transformation structurelle des économies tarde à prendre corps, malgré la mise en œuvre effective des programmes conclus avec ces divers partenaires. Les efforts ont davantage été portés sur les ajustements budgétaires et financiers -afin de satisfaire les conditionnalités nécessaires au décaissement des ressources financières, – et non sur les politiques et réformes structurelles.
Forts de ces constats, les Chefs d’État de la CEMAC ont, lors de leur sommet extraordinaire tenu à Yaoundé en novembre 2019, « renouvelé leur engagement pour une approche solidaire, cohérente et concertée dans l’élaboration, en accord avec les partenaires techniques et financiers, de nouveaux cadres de coopération à la fin des programmes économiques et financiers de première génération soutenus par la Facilité Élargie de Crédit du FMI. …».
Cette nécessité de prendre en compte des aspects liés à la croissance, au développement et à la transformation structurelle des économies de la CEMAC a été également réaffirmée par les Ministres membres du Comité de pilotage (COPIL) du PREF-CEMAC lors de la 3ème session extraordinaire du 28 mars 2020. À cet effet, les Ministres ont chargé la Commission de la CEMAC, la BEAC, la BDEAC et le PREF-CEMAC « de définir les principes généraux relatifs aux nouveaux accords à conclure avec ces partenaires qui devront dépasser les objectifs de stabilisation financière, pour mettre l’accent sur la croissance et le développement ».
C’est ainsi qu’un nouveau cadre stratégique pour les accords de seconde génération des pays de la CEMAC avec les partenaires techniques et financiers a été adopté la 3 aout 2020 par la onzième session ordinaire du COPIL du PREF CEMAC. Ce cadre stratégique énonce les principes généraux relatifs à l’élaboration et à la mise en œuvre des programmes économiques et financiers de deuxième génération dans la CEMAC. Il formule surtout des recommandations à l’endroit des Etats dans le sens de changer véritablement de paradigme dans la négociation des nouveaux accords avec les partenaires au développement et l’urgente nécessité d’améliorer la gouvernance dans la mise en œuvre des réformes structurelles adoptées de manière souveraine.
Enfin, il importe de relever que les conséquences économiques et financières de la COVID-19 dans les économies de la CEMAC sont de plusieurs ordres, dont : une baisse significative des recettes budgétaires, une dégradation importante des comptes macro-économiques, une baisse des financements extérieurs, une perturbation des échanges intracommunautaires, une fragilisation de la stabilité externe et financière et un risque de montée des tensions inflationnistes. Sur le plan social, la crise sanitaire a fortement impacté le niveau de vie des populations avec des pertes d’emploi, la baisse de la consommation privée, la paupérisation etc.
Face à cette situation d’urgence, les Ministres des Finances et de l’Économie des pays de la CEMAC, réunis à Brazzaville en mars 2020 dans le cadre du COPIL du PREF-CEMAC, ont pris des mesures urgentes principalement sur le plan budgétaire, monétaire et sur le système financier. La mise en œuvre de ces mesures par chacune des parties prenantes a permis de limiter dans une certaine mesure les effets de la crise.
Bien que les pays ne soient pas encore venus à bout de la pandémie de la COVID-19, la plupart d’entre eux ont entrepris de vastes plans de réformes économiques et financières pour relancer durablement leurs économies, tout en renforçant leur résilience pour mieux affronter des crises similaires dans l’avenir. C’est dans cette dynamique que s’inscrit le projet de Plan Communautaire de Relance des économies post covid-19 de la CEMAC, dont les principaux axes ont été adoptés par le COPIL du PREF-CEMAC, le 3 aout 2020, et qui sera soumis à la sanction de la Conférence des Chefs d’Etat, qui est l’organe suprême de la CEMAC.
Le projet de plan régional de relance s’articule autour de trois axes principaux : d’une part, les mesures déjà inscrites dans le PREF-CEMAC dont les modalités d’application devront être revues et leur mise en œuvre accélérée (I), d’autre part, des mesures exceptionnelles de riposte compte tenu de la situation d’urgence inédite et exceptionnelle créée par la pandémie de la COVID-19 (II) et enfin, des mesures nouvelles destinées à accélérer la transformation structurelle et profonde des économies de la sous-région, afin d’en renforcer la résilience et de les placer sur le chemin de l’émergence (III).
Je vous remercie de votre aimable attention.