Comment travaillent-ils au quotidien ? Quelles sont leurs relations avec les Forces de l’ordre ? Quels sont les maux qui minent leurs actions sur le terrain ? La finalité de l’action des Défenseurs des Droits Humains (DDH) peut-elle être un atout pour le développement du pays ? La rédaction de Afriquepremiere.net a suivi un DDH pas comme les autres. Mathias Nickel KAMEN LIWANDI Directeur Exécutif de la Cameroonian Fondation for Aids(CAMFAIDS), la Fondation Camerounaise contre le Sida. Humaniste dans sa nature, et activiste depuis 2012, il a choisi d’être le DDH pour les minorités des genres et les minorités sexuelles. Révélations.
Mathias Nickel KAMEN LIWANDI défend les droits des enfants, des femmes, des handicapés, des minorités ethniques. Et est fondamentalement engagé pour la liberté de la presse également. Contrairement à une certaine opinion, « les défenseurs des Droits Humains (DDH) ne travaillent pas pour une quelconque main étrangère pour déstabiliser le Cameroun. Les Défenseurs des Droits Humains ne sont pas les ennemis du gouvernement. Ce sont des partenaires au développement du Cameroun parce que si le Cameroun a une situation des Droits Humains qui est favorable, cela va attirer les investisseurs. Et présenter une bonne image du Cameroun » déclare Mathias Nickel KAMEN LIWANDI qui parle aussi du renforcement de la confiance des populations à travers une meilleure prise en compte des droits humains. « Il y a le bien-être des populations, la confiance des populations ont à leur gouvernement réside à la capacité de ce gouvernement à défendre les droits fondamentaux de ces populations ». Aussi, «Je demande au gouvernement de réfléchir au statut légal qui encadre le Défenseur des Droits Humains. Nous demandons à la commission nationale des droits humains d’être un outil plus inclusif, de respecter l’universalité et l’indivisibilité des droits. On doit sensibiliser, prévenir et éduquer les populations et nous sommes aux côtés des forces de l’ordre pour faire ce travail, parce que la finalité c’est le bien-être et le respect de la dignité de tous les camerounais de toutes les personnes habitants au Cameroun » explique le jeune Défenseur des Droits Humains.
Avec les journalistes, il a évoqué les maux qui minent l’action du DDH sur le terrain. « Il y a la faible appropriation du concept de Droits Humains au Cameroun et en particulier par les personnes qui sont censés mieux les comprendre, notamment les forces de maintien de l’ordre….Il y a aussi le problème de pauvreté. Il faut des moyens. Et ces moyens manquent. Il y a aussi cette idée que lorsque vous défendez les Droits Humains, c‘est pour promouvoir un quelconque ordre social, qu’il y a quelqu’un derrière vous et que c’est pour déstabiliser l’Etat, pourtant le Défenseur des Droits Humains est le partenaire du gouvernement » affirme Mathias Nickel KAMEN LIWANDI avant de souligner que « Le climat des Droits Humain propice rassure les investisseurs. Il est du devoir du Cameroun, d’améliorer l’environnement des Droits Humains au Cameroun. Ça permet au Cameroun d’avoir une image plus reluisante d’attirer plus d’investisseurs et même de simples touristes. Notre travail est d’accompagner l’Etat dans ce processus d’assainissement de l’environnement des Droits de l’Homme ».
DDH issu du milieu communautaire, son travail en une journée se divise en deux phases principales : la première phase, est une phase stratégique, de réflexion. « Il s’agit de savoir où en sommes-nous avec les différents plaidoyers qui sont les nôtres, parce que nous abordons les thématiques de violations des Droits Humains permanents et nous voulons changer un ensemble de choses sur le plan structurel, il faut adresser des plaidoyers à différents niveaux » dit-il. Par ailleurs, il faut s’intéresser aux typologies de violentions et voir quel type d’intervention est appropriée. « Un défenseur des Droits Humains ne court pas tête baissée. Il prend le temps de réfléchir sur la situation qui lui est posée et de savoir la meilleure réponse apportée toujours dans l’intérêt de la victime » explique Nickel LIWANDI qui doit également assurer la coordination des équipes sur le terrain, des descentes sur sites, ça peut être dans le cadre d’une médiation familiale, ou les auteurs de violations sont des membres de la famille.et comprendre la violation, vérifier si la victime est en sécurité dans cet espace. Il y a des cas des « abus des forces de maintien de l’ordre » notamment des « arrestations arbitraires et autres séquestrations des personnes » révèle le jeune DDH qui dit travailler avec des avocats apportant ainsi le soutien judiciaire et juridique aux victimes. « Nous passons dans les différents tribunaux de la ville de Yaoundé, nous voyons s’il n’y a pas de jugement dans une des thématiques qui nous intéressent. Nous essayons de nous rapprocher de la personne pour savoir si celle-ci a bénéficié de l’accompagnement judiciaire. Dans le cas contraire nous lui proposons nos services avant que le procès ait lieu. Nous le faisons au Tribunal de première instance d’Ekounou » ajoute Nickel LIWANDI. Son travail se fait aussi avec l’appui des points focaux sur le terrain et des lanceurs d’alertes.
Quant au soutien psycho social, sanitaire hygiénique du DDH aux victimes, il se matérialise par des descentes dans des prisons pour savoir si l’on peut faire appel surtout en ce qui concerne les jeunes. Aux autres Défenseurs des Droits Humains, le Directeur Exécutif de la CAMFAIDS suggère un renforcement des capacités et une synergie d’actions sur le terrain. « Il est temps pour les Défenseurs des Droits Humains de se retrouver, de voir comment se structurer. Et étant structurés, on peut mieux se défendre » affirme Nickel LIWANDI.
Ericien Pascal Nguiamba